Impasse Nadaud, on soigne les vélos !

Willy Granger, salarié du CC37 depuis mai 2015, est l’un des principaux artisans du projet d’économie circulaire de l’association. « Nos déchets sont des ressources », défend-il, heureux de redonner vie à des cycles jusque là destinés à la ferraille. Chaque jour, il s’efforce de remettre en circuit quelques 250 vélos sur les 500 à 600 bécanes données chaque année au Collectif.

Et aujourd’hui, c’est au tour d’un VTC (vélo tout chemin) femme bleu marine. Il trône dans la petite pièce aménagée dans un coin de l’atelier. Après plusieurs heures de labeur, Willy doit encore faire glisser la tige de la selle dans son tube. L’instant est critique. Si ça coince, il n’y aura pas forcément de solution et le travail de réhabilitation engagé sur ce vieux vélo aura peut-être été vain. France Musique accompagne l’effort. Un radiateur à bain d’huile assure le confort. En cette fin d’après midi d’une des plus froides journées de mars, la silhouette longiligne se penche sur l’engin et finalise l’opération, une clef à pipe dans une main et une clef plate dans l’autre.

Ça passe ! La bicyclette, entièrement révisée, pourra être vendue 75 euros. Les prix varient souvent entre 50 et 90 euros Quelquefois aussi ils grimpent jusqu’à 100 euros, rarement plus. « Quand on fixe le prix, il faut tenir compte des 15 euros d’adhésion que les gens devront également verser » explique ce technicien-vendeur. « C’est à peu près la même gamme de prix que sur un site web de vente entre particuliers, mais avec la garantie d’une révision complète. Et avec l’adhésion, les gens peuvent venir réparer eux-mêmes leur vélo à l’atelier d’autoréparation, 3 fois par semaine toute l’année ».

Economie circulaire

Du lundi au vendredi, Willy assure ces deux pans du projet d’économie circulaire défendu par le Collectif Cycliste : réparation et remise en circuit par la vente. Le tout avec des pièces détachées de récupération pour l’essentiel. Mais il assure aussi le tri, parmi tous les biclous donnés, entre ceux qui pourront être réhabilités et ceux qui iront alimenter les ateliers de la Recyclade (*), ultime étape de la démarche d’économie circulaire.

D’abord usager, il est devenu bénévole dans l’atelier d’autoréparation de l’association en 2013. Il a été embauché, d’abord à mi-temps en mai 2015, puis à temps-plein au mois de novembre suivant, avec une belle ambition : « Pour moi, 90 % des vélos sont sauvables, après c’est le temps que l’on y passe qui peut freiner la tâche ». Devant l’abondance de vélos donnés, il a d’ailleurs cédé au principe de réalité : cela ne valait pas le coup d’investir trop de temps sur un engin défaillant. « Je suis déjà content quand on en retape la moitié. »

Ancien étudiant et diplômé des Beaux Arts, Willy a travaillé plusieurs années dans l’audiovisuel à Paris. Puis, de retour en province, il a trouvé dans cette nouvelle activité de quoi faire travailler ses mains autant que sa tête. Lui qui, gamin, sillonnait à vélo la campagne sarthoise pour rallier le collège, a en effet retrouvé son lien familier avec la petite reine en regagnant la Touraine. De sa formation en chaudronnerie, à l’issue de sa période parisienne, il garde sa capacité à redresser un garde boue rebelle d’un coup de marteau expert. Pour le reste, le système D et l’amour du travail bien fait font l’affaire.

Le jeune quadragénaire fait une dernière vérification. Il enfourche le VTC bleu marine, sort de son « laboratoire » et s’engage prudemment dans les travées de l’atelier: freinage, passage de vitesse, direction… R.A.S. Le vélo est bon pour le service !

(*) Deux fois par mois, le lundi à partir de 10H00, autour de Xavier et Christian, des bénévoles démontent les engins irrécupérables et récupèrent les pièces détachées. Puis ils les répartissent dans les nombreuses boîtes de l’atelier où les usagers de la « Bricolade » (l’atelier d’autoréparation) puiseront pour retaper leur vélo.