Co-Pain, boulanger du sud Touraine, réalise ses tournées à vélo à assistance électrique et remorque

Gaëtan Raguin, boulanger bio depuis 2017, réalise chaque mercredi depuis janvier 2020 une tournée de 70 km à travers la campagne pour livrer son pain dans un réseau de dépôts chez des commerçants, des particuliers et dans une AMAP situés dans 7 villages du Sud Touraine (Vou, Ligueil, Ferrière-Larçon, La Celle-Guénand, Betz-le-Chateau, Esves-le-Moutier et Ciran). Il se déplace avec un vélo à assistance électrique et une remorque et démarre sa tournée à Vou, où il habite.

Il transporte environ 90 kg de pain, brioches et biscuits dans sa remorque. Ses produits au levain sont cuits au four à bois le mardi soir. Les clients peuvent commander par Internet ou par téléphone jusqu’au lundi midi avant la préparation des levains.

Gaëtan a nommé son entreprise CO-PAIN et, comme vous pouvez le voir sur son logo, le vélo tient une bonne place dans son activité.

Logo de l'entreprise CO-PAIN fondée par Gaëtan Raguin.
Logo de l’entreprise CO-PAIN fondée par Gaëtan Raguin.

Site internet : http://co-pain.net/

Gaëtan a bien voulu se prêter à une interview pour nous expliquer son choix pour la cyclo-mobilité et pour nous faire partager son expérience.

« C’EST LA VOLONTÉ DE FAIRE DES ÉCONOMIES ET D’AMÉLIORER MA QUALITÉ DE VIE QUI M’ONT AMENÉ À CHOISIR LE VÉLO POUR FAIRE MES TOURNÉES »

CC37 : Gaëtan, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à la cyclo-mobilité dans le cadre de votre activité professionnelle ?

Gaëtan : j’ai toujours aimé le vélo. C’est la volonté de faire des économies et d’améliorer ma qualité de vie qui m’ont amené à choisir le vélo pour faire mes tournées.
Auparavant, je parcourais plus de 100 km en voiture pour vendre mon pain sur le marché de Montlouis-sur-Loire et pour en déposer dans des commerces. Je me suis rendu compte à quel point le temps passé, ma consommation de carburant et l’entretien de ma voiture diminuaient la rentabilité de mon affaire. J’avais aussi envie de passer plus de temps avec ma famille que sur la route. Je sentais la nécessité de relocaliser ma vente au plus près de chez moi.
Ma voiture arrivant en fin de vie, je ne souhaitais pas réinvestir de nouveau dans une voiture.

« LA SOLUTION DE LA REMORQUE EST LA PLUS ADAPTÉE À LA QUANTITÉ DE PAIN QUE JE TRANSPORTE »

CC37 : pourquoi avez-vous choisi la solution vélo+remorque ?

Gaëtan : cela me permet d’avoir un véhicule modulaire qui s’adapte à mes besoins. J’effectue l’intégralité de mes déplacements avec mon vélo à assistance électrique et j’utilise la remorque uniquement lorsque cela est nécessaire. La remorque me sert à livrer le pain, mais aussi à aller chercher du bois pour le chauffage, à évacuer les gravats des travaux de ma maison ou à aller chercher des matériaux par exemple. L’achat d’un biporteur ou d’un triporteur à assistance électrique ne m’aurait pas offert autant de flexibilité et m’aurait coûté plus cher. J’ai aussi choisi la solution de la remorque, car c’est la plus adaptée à la quantité de pain que je transporte.
J’ai trouvé un fabriquant de remorques dans le Jura. Il s’agit de l’entreprise Etincelle Métallerie (https://www.etincelle-metallerie.fr/remorques) Le côté artisanal de la fabrication m’a séduit. J’ai passé commande.

CC37 : quelle était votre expérience du vélo avant de faire le choix de livrer votre pain à vélo ?

Gaëtan : j’ai pas mal voyagé à vélo en essayant d’être autonome le plus possible. Dès l’âge de 22 ans, je partais au moins une fois par an à vélo, en France ou à l’étranger, seul ou accompagné, avec couchage et nourriture, le plus souvent en camping sauvage. En 2014, ma compagne et moi avons effectué un voyage de 10 mois en Amérique du Sud. A notre retour en France, nous avons souhaité donner un autre sens à notre vie, être plus libres et faire ce qui nous plaisait réellement. Cette expérience des voyages à vélo a été une grande source d’inspiration dans ma recherche d’autonomie au niveau de mes déplacements personnels et professionnels.
Livrer mon pain à vélo, c’est un peu comme si je partais en voyage à vélo ! 🙂

Photo de notre voyage en Amérique du Sud lors de la traversée de la frontière entre la Colombie et l’Equateur

CC37 : comment avez-vous procédé pour équiper votre vélo avec une assistance électrique ?

Gaëtan : un ami qui habite à la campagne et qui se déplace essentiellement avec un vélo à assistance électrique m’a expliqué qu’il avait lui-même installé l’assistance électrique sur son vélo. Il m’a communiqué les coordonnés du fournisseur de son kit d’électrification pour vélo. Il s’agit de l’entreprise Ozo (https://ozo-electric.com/fr/). J’ai contacté cette entreprise qui a écouté mes besoins et qui m’a conseillé sur le choix du kit. Avec les explications, j’ai pu réaliser le montage moi-même. Pour la petite anecdote, j’ai équipé mon vélo au moment de remplacer ma voiture et le kit d’électrification est arrivé le jour même où l’embrayage de ma voiture a lâché. Ouf…
Notre couple ne possède maintenant plus qu’une voiture au lieu de deux auparavant.

« JE SUIS TRÈS SATISFAIT DE CETTE SOLUTION, CAR ELLE EST ÉCONOMIQUE, PRATIQUE, CONFORTABLE ET EFFICACE POUR MES DÉPLACEMENTS »

CC37 : quel bilan faites-vous de votre usage du vélo avec la remorque ?

Gaëtan : j’ai commencé à rouler avec le vélo et la remorque au mois de janvier 2020 et depuis, j’ai dû parcourir pas loin de 4 000 km à raison d’environ 100 km par semaine (tournée et approvisionnements). Le mercredi, je commence ma tournée à 14 h et je suis de retour chez moi à 18 h. Depuis le début de cette cyclo-mobilité, j’ai eu l’occasion de tester différentes conditions météorologiques. Je n’ai pas fondu sous la pluie et le vent ne m’a pas emporté ! 🙂.

Je suis très satisfait de cette solution cyclo-mobile qui me procure du plaisir à chaque déplacement. Je peux profiter de la proximité avec la nature en roulant. J’apprécie énormément l’assistance électrique sur le vélo, car c’est une aide indispensable pour tracter du poids sur de grandes distances et pour franchir les reliefs. Cela me permet de rouler à une vitesse moyenne de 20 km/h (je n’utilise pas de compteur, car ne suis pas trop dans la statistique 🙂). Sans l’assistance électrique, je n’aurais pas pu tracter la remorque (30 kg avec la structure en toile) et son chargement (90 kg). Cela aurait été un calvaire et j’aurai mis trop de temps pour réaliser mes tournées. Je voulais que cette solution puisse durer dans le temps, plutôt que de m’épuiser en quelques mois.

La remorque est très maniable et très stable (voir la vidéo plus bas dans l’article). Sur le plan économique cette solution vélo à assistance électrique + remorque est imbattable. Au total, depuis que j’ai commencé à rouler avec le vélo et la remorque, j’ai dépensé moins de 10 € en électricité (avec un fournisseur d’électricité verte) alors qu’avec la solution voiture, j’aurai dépensé 350 € en carburant. J’ai donc réalisé une économie de 340 € en 9 mois.

Au niveau de la sécurité sur la route, je n’ai pas de soucis, les véhicules qui me dépassent s’écartent bien. La présence de la remorque fait que les véhicules motorisés me considèrent davantage. Je sais aussi imposer ma présence pour éviter des situations dangereuses. De plus, je porte un tee-shirt orange ou une veste jaune pour être bien visible.

Sur le plan de la santé, cela me permet de faire de l’exercice physique au grand air et de rester en forme. L’avantage d’être boulanger, c’est que si j’ai un « petit creux » en cours de route, j’ai de la ressource en biscuits ! 🙂

Je suis donc très satisfait de cette solution de cyclo-mobilité, car elle est économique, pratique, confortable et efficace pour mes déplacements.

CC37 : votre vélo et votre remorque, peuvent-ils aussi vous servir pour vos loisirs?

Gaëtan : oui, cette année, au mois de juillet, avec ma femme et mon fils, nous avons utilisé la remorque pour partir en vacances à vélo dans la Brenne. Au milieu de la remorque, nous avons fixé un siège-auto dans lequel nous avons installé notre fil âgé de 4 ans. Tout autour de lui, nous avons positionné le matériel de camping et nos bagages. Notre fils avait une place de choix. Il était un peu comme un roi sur un trône, calé entre les bagages qui le protégeaient. Ma femme a utilisé son vélo et j’ai tracté la remorque. Avec la place disponible sur la remorque et la puissance de l’assistance électrique sur le vélo nous n’avons même pas eu à nous soucier du poids et du volume des bagages. Ce mode de déplacement nous a permis de passer des vacances autrement plus écologiques et plus économiques qu’avec une voiture.

CC37 : quelle somme avez-vous investi dans votre cyclo-mobilité ?

Gaëtan :

  • Coût de la modification du vélo avec l’assistance électrique : 1 600 € avec les accessoires (notamment un éclairage digne de ce nom)
  • Coût de la remorque est de son équipement : 1 000 €
  • Toile et armature sur la remorque : gratuit car récup + cinq jours de couture à deux

CC37 : quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui projette de devenir cyclo-entrepreneur ?

Gaëtan : je n’avais pas imaginé à quel point le vélo pouvait avoir autant de capital sympathie auprès des clients. Même si je ne le fait pas pour cela, je me suis aperçu que les tournées à vélo sont une excellente façon de se faire de la publicité !

VIDÉO DE PRÉSENTATION DE LA REMORQUE

VIDÉO D’UNE TOURNÉE DE LIVRAISON À VÉLO

PRODUITS TRANSPORTÉS (PAIN, BRIOCHES ET BISCUITS)

GAËTAN DANS UN CADRE PITTORESQUE ENTRE VOU ET LIGUEIL

LE VÉLO ET LA REMORQUE STATIONNÉS DEVANT UN POINT DE DÉPÔT À LIGUEIL

LE VÉLO ÉQUIPÉ DE L’ASSISTANCE ÉLECTRIQUE

GAËTAN AVANT DE REPARTIR POUR TERMINER SA TOURNÉE

POUR EN SAVOIR PLUS

EXEMPLES D’ENTREPRENEURS À VÉLO EN FRANCE

Si vous aussi vous avez envie de devenir cyclo-entrepreneur, nous vous invitons à consulter le site internet Les Boîtes à vélo – France. https://lesboitesavelo.org/
Dans l’annuaire, vous pourrez consulter la fiche des cyclo-entrepreneurs adhérents à cette association. Vous y découvrirez notamment les photos de leurs équipements en cycles et cycles-cargo.

PROGRAMME VISANT À PROMOUVOIR LA CYCLO-MOBILITÉ PROFESSIONNELLE AUPRÈS DES MICROENTREPRISES SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE FRANÇAIS

Programme Ma Cycloentreprise : https://macycloentreprise.fr/

Auteur de l’article : Benoît Bourdache – Bénévole au CC37