[Balades estivales] De Ronsard à Balzac, à la rencontre d’écrivains tourangeaux

Profitez du retour des beaux jours pour partir à la découverte du patrimoine tourangeau avec l’Accueil vélo et rando et le Collectif Cycliste 37. Nous vous avons préparé un alléchant programme d’animations et de sorties à vélo !

Inscription obligatoire auprès de l’Accueil vélo et rando

  • 31 Boulevard Heurteloup, Tours
  • 02 47 64 66 38
  • velorando@tours-metropole.fr

Les balades durent 2h à 2h30

Lieu et horaire

Dates de la balade A la rencontre d’écrivains tourangeaux

  • mercredi 20 juin 2018
  • mercredi 5 septembre 2018

Tarifs

Adulte plein tarif : 5€

Pierre de Ronsard (1524 – 1585)

Né dans le Vendômois auquel il resta toujours attaché (il ressentait la nostalgie de cette nature et des bois qu’il parcourait enfant), Ronsard fut dès l’âge de 12 ans au service des rois.

Mais à 15 ans, en raison d’une demi-surdité, il dut renoncer à « une brillante carrière » et se consacra aux Muses !

Il fut l’un des fondateurs de « La Pléiade »; on le connaît surtout comme « le poète des amours » (Cassandre, Marie, Hélène…).

« Prince des Poètes » et « Poète des Princes », il s’engagea aussi, par ses Discours , dans les guerres de religion (déplorant les « malheurs de la France » et s’en prenant violemment aux « Réformés »…).

En 1565, il reçut « en commende », de la reine Catherine de Médicis et de son fils Charles IX, le Prieuré Saint-Cosme : tombé en disgrâce à cause d’une « épopée » mal reçue, il se retire dans ce lieu paisible en 1575. Ses derniers vers, évoquant ses souffrances physiques et sa mort prochaine, sont particulièrement émouvants. Il meurt donc à Saint-Cosme le 37 décembre 1585, à l’âge de 61 ans.

Bien qu’étant très conscient de sa valeur (il avait veillé lui-même à constituer des éditions complètes  de ses œuvres), et malgré la gloire dont il avait bénéficié de son vivant, il fut quelque peu « oublié » pendant deux siècles ! Ce sont les Romantiques qui l’ont redécouvert, appréciant le lyrisme personnel de sa poésie et la variété de son inspiration.

Les ossements de Pierre de Ronsard ont été retrouvés : désormais sa tombe se trouve à côté des vestiges de l’église de « son » Prieuré.

Honoré de Balzac (1799 – 1850)

Tours est la ville provinciale la plus évoquée dans La Comédie Humaine : de 1830 à 1837, elle apparaît dans plus d’une douzaine d’œuvres – notamment Le Curé de Tours, Maître Cornélius, La Femme de trente ans, Le Lys dans la Vallée…

Portrait de Balzac « en robe de moine » au Musée des Beaux-Arts de Tours.

Balzac est né en 1799 à Tours – au 25 rue de l’Armée d’Italie (devenu le 47 rue Nationale : voir la plaque au sol.
En 1804, son père achète une belle demeure, dont l’emplacement se trouve actuellement 53 rue Nationale (devenue Imprimerie, et aujourd’hui Pharmacie !).

Elève de 5 à 8 ans à la Pension Le Guay (71, devenu 57, rue de la Scellerie), il fréquentait avec sa mère la Cathédrale Saint Gatien, dont l’architecture et l’atmosphère l’ont beaucoup marqué : il a situé par exemple la maison de l’Abbé Birotteau (Le Curé de Tours) rue de la Psalette, derrière l’édifice).

Vivant à Paris, il revenait souvent en Touraine : son attachement pour sa ville natale et sa mémoire prodigieuse lui valurent des pages lyriques, par exemple sur le « pont de pierre », et des descriptions très précises, notamment dans Maître Cornélius, La Recherche de l’absolu, Le Père Goriot….

Par ailleurs, les noms de plusieurs personnages des romans de Balzac sont d’origine tourangelle : Rastignac était un archevêque ou un chanoine, Chabert un général d’Empire, etc.

Nous trouvons de nombreux « souvenirs » de Balzac à Tours : son portrait « en robe de moine », au Musée des Beaux-Arts, sa stèle sur verre au Jardin François Sicard, des manuscrits à la Bibliothèque Municipale…

La Touraine en général a inspiré Balzac tout au long de sa carrière de romancier : par exemple, la maison La Grenadière, à Saint-Cyr-sur-Loire, est évoquée dans Le Lys dans la Vallée ; L’Illustre Gaudissart se passe à Vouvray (voir la stèle qui lui a été dédiée !) ; Marmoutier, Saché et la vallée de l’Indre, Plessis-lès-Tours, Rochecorbon, Azay-le-Rideau… autant de lieux qui apparaissent dans ses œuvres !

Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001)

Léopold Sédar Senghor, sénégalais (de l’aristocratie « sérère »), fit de brillantes études en France et devint professeur au Lycée Descartes de Tours, de 1935 à 1938 : il était le premier Africain agrégé de France !

Léopold Sédar Senghor

Ses années tourangelles l’ont profondément marqué : « « les plus heureuses de mon existence », dit-il, car « j’y exerçais le métier que j’aimais… » ; c’est à Tours qu’il rédigea de nombreux poèmes : Jardin des Prébendes, Printemps de Touraine, Chants d’ombre, etc.

Il dit encore : « C’est à mon arrivée à Tours (…) que j’ai brûlé tous mes poèmes écrits jusque là et je suis reparti de zéro… ». A Tours, il a connu Jacques Decour et, en 1939, il est enrôlé dans l’Infanterie Coloniale. Arrêté et fait prisonnier à Poitiers (camp « réservé aux troupes coloniales » !), il échappe avec d’autres soldats noirs au massacre grâce à l’intervention d’un officier français.

Au lendemain de la guerre, il devient communiste et soutient la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger (un de ses plus beaux poèmes s’en inspire).

Plusieurs responsabilités politiques en France… Dans les années 1960, il défend l’idée d’un « Fédéralisme africain », et est élu Premier Président de la toute nouvelle République du Sénégal !

A soutenu la « Francophonie »… En 1978 est nommé « Prince des Poètes », avant d’être élu à l’Académie Française (premier africain !).

En 1993 paraît le dernier volume des « Liberté » (« l e dialogue des cultures »).

Comme Aimé Césaire, il fait partie du « Mouvement de la Négritude ».

Sa poésie, essentiellement orale, fait le lien entre son Afrique natale et les découvertes de sa vie en France.

Léopold Sédar Senghor demeure une des grandes figures de la culture africaine, qu’il a contribué à faire « reconnaître ».

Jean-Marie Laclavetine

Jean-Marie Laclavetine (né en 1954)

Né en 1954 à Bordeaux, Jean-Marie Laclavetine a étudié à Tours, vécu dans le Lot, en Gironde, en Sicile… avant de retrouver la Touraine, où il est installé depuis plus de trente ans.

Jean-Marie Laclavetine possède plusieurs cordes à son arc : romancier, nouvelliste, mais aussi éditeur, traducteur d’écrivains italiens…

Quoique « parisien de cœur », il a célébré sa région d’adoption, et ses habitants, dans plusieurs ouvrages – par exemple Au Pays des fainéants sublimes.

Il dit avoir été « posé là par la vie », et se sent « en affinité profonde  avec le climat, les paysages, les visages… de la Touraine ».

Ce qui le séduit en Touraine : la douceur du climat, les lumières sur le fleuve, les cultures viticoles, l’habitat particulier (troglodytes…) et le bien-être qu’on y ressent.

Il évoque très souvent la Loire – « la grand-route de la France », qui a fait de la région un foyer de culture, de rencontres et d’ouvertures et produit une mentalité particulière, faite de malice et de moquerie à l’égard des puissants.
La Loire : « un vrai bonheur » pour le promeneur ou les bateliers ! La Loire, changeante, « sinueuse et gaie ». « Un air de fête dès le printemps » !
La Loire… « somptueuse et tendre, alanguie comme une femme… »

Tours est restée, à ses yeux, une « ville à taille humaine » ; Balzac y est encore présent – ainsi que dans d’autres bourgades, Saché notamment.

Bien que déplorant quelques « erreurs urbanistiques » dans la ville, Jean-Marie Laclavetine apprécie particulièrement certains lieux, comme « le Pont de Fil », chargé de souvenirs ! et bien sûr les vieilles rues qui racontent l’histoire de la ville ; la Bibliothèque – « folie d’architecte » ! lieu de rencontres littéraires au dernier étage (d’où l’on a une vue formidable sur les environs) ; le quartier de la Cathédrale, d’où se dégage « une mélancolie assez douce ».

Notre écrivain fréquente également la campagne tourangelle , où il a d’ailleurs élu domicile : les demeures et châteaux, construits avec cette pierre tendre qu’est le tuffeau, lui semblent en parfaite harmonie avec la nature.

Pour Jean-Marie Laclavetine, l’amour d’un lieu « est fait de rencontres » ; un paysage est avant tout « un paysage d’humanité ».

L’amour d’une région, d’une ville, « ça vient très lentement », c’est « un travail obscur, une osmose discrète et profonde… qui prend toute une vie peut-être » ! (d’après une interview réalisée en 2012 par Jean-Claude Raspiengeas)

Quelques œuvres de J-M Laclavetine :

  • Les Emmurés (1981, Prix Fénéon)
  • La Maison des Absences (1984)
  • Rabelais (essai) (1992 et 2000)
  • La Loire, mille kilomètres de bonheur (2002)
  • Train de vies (200)
  • Petit éloge du temps présent (2007)
  • Au pays des fainéants sublimes (2011)
  • Et j’ai su que ce trésor était pour moi (2016)
Georges Courteline

Georges Moineaux, dit Courteline (1858 – 1929)

Georges Courteline est le fils de Jules Moineaux (Tours 1815 – Saint Mandé 1895), lui-même écrivain humoristique  – dont la maison est située près du jardin François Sicard.

La maison natale de Georges Courteline se trouve au 49 de la rue à son nom : mais il préféra Paris, et fut un authentique enfant de la Butte Montmartre.

Après des études au Collège de Meaux, il effectue son service militaire à Bar-le-Duc : cette expérience lui inspira quelques-unes de ses célèbres satires, par exemple Les Gaietés de l’Escadron (1885).

En 1880, entré au Ministère de l’Intérieur, il se met à écrire, – sous le pseudonyme de « Courteline », pour ne pas être confondu avec son père, qui ne lui apporta aucune aide !

C’était un « petit homme sec », grognon, mauvais joueur aux cartes et se livrant sans cesse à des canulars !

Ses œuvres mettent en scène « les petites comédies humaines », notamment chez les fonctionnaires, employés de bureau. Citons :

  • Le train de 8h47,
  • Boubouroche,
  • Les Boulingrin,
  • Le Commissaire est bon enfant,
  • La Cruche

Sur sa tombe est inscrit, selon sa volonté ! :

« J’étais né pour rester jeune, et j’ai eu l’avantage de m’en apercevoir le jour où j’ai cessé de l’être ».