
Entre l’augmentation de la pratique cycliste et le besoin de données objectives, l’atelier « Comment compter pour que le vélo compte ? » a permis d’échanger sur les outils existants, les enjeux méthodologiques et le rôle central que les territoires et les associations peuvent jouer pour que les chiffres soutiennent efficacement les politiques cyclables.
Une progression réelle, mais difficile à cerner
L’usage du vélo ne cesse de croître, en ville mais aussi ailleurs. Les compteurs permanents de la Plateforme Nationale des Fréquentations (PNF) révèlent une hausse de 37 % de la fréquentation cyclable entre 2019 et 2023. À Bruxelles, le nombre de cyclistes a été multiplié par cinq depuis 2010. Pourtant, ces chiffres encourageants coexistent avec d’autres indicateurs plus mitigés : la fréquentation cyclable a stagné en France en 2024 et on enregistre une dégradation du sentiment de sécurité perçue par les cyclistes, notamment à Bruxelles.
Depuis l’atelier, les résultats de l’enquête nationale 2024 menée par le ministère de la Transition écologique ont été publiés, apportant un éclairage supplémentaire. Selon cette enquête, 35 % des Français pratiquent le vélo au moins une fois par mois, et 24 % au moins une fois par semaine. Ces chiffres témoignent d’une démocratisation de la pratique cycliste, tout en révélant une grande hétérogénéité selon les territoires et les publics. Derrière le chiffre de 24 % de cyclistes réguliers, on retrouve 29 % de cyclistes réguliers chez les hommes et 20 % chez les femmes.
Observer, mesurer, comprendre : une diversité de méthodes

Les intervenants de l’atelier ont présenté un éventail de méthodes d’observation, souvent complémentaires.
- Les comptages automatiques, répartis sur plus de 1 700 points en France grâce à la PNF alimentée par plus de 175 collectivités, offrent une mesure continue et structurante, notamment pour suivre l’évolution de la fréquentation dans le temps, d’une saison à l’autre, d’une année à l’autre.
- Les enquêtes déclaratives, comme celles réalisées en 2023 et 2024 par la Ciduv sur un échantillon de plus de 12 000 personnes, permettent de qualifier les usages, les profils des usagers et les freins à la pratique.
- Les observations de terrain, comme celles mises en place à Bruxelles par Pro Vélo, croisent des comptages manuels réalisés par des bénévoles formés, des questionnaires qualitatifs et des relevés spécifiques comme l’équipement en éclairage.
Ces méthodes, quoique riches, restent difficilement articulables entre elles. Des initiatives existent pour croiser les données de fréquentation avec d’autres jeux de données, comme les points noirs du Baromètre des villes cyclables ou les retombées économiques des véloroutes.
Les associations, maillon essentiel de la production de données
Les associations membres de la FUB ont un rôle stratégique à jouer pour densifier, diffuser et valoriser la donnée vélo. Dans de nombreuses communes, ce sont elles qui alertent sur l’absence de comptages, sollicitent les collectivités pour qu’elles installent des compteurs ou qu’elles partagent leurs données, et relaient les appels à participation à des enquêtes nationales ou locales.
Éclairer les cyclistes… au sens propre
L’atelier a aussi mis en lumière un angle d’observation original développé à Bruxelles : le comptage annuel de l’équipement des cyclistes en dispositifs d’éclairage. En novembre 2024, 79 % des cyclistes observés étaient correctement éclairés au regard de la réglementation. Avec un tel chiffre, qui peut encore dire que les cyclistes ne s’éclairent pas ? Les femmes étaient légèrement mieux équipées que les hommes, et un quart des cyclistes portaient un accessoire de visibilité en plus de leur éclairage.
Une meilleure observation au service de meilleures politiques
Pour que le vélo prenne la place qu’il mérite dans les politiques de mobilité, il doit pouvoir s’appuyer sur des données robustes et continues. Cela suppose :
- d’amplifier les efforts de comptage, notamment dans les territoires périurbains et ruraux encore mal couverts ;
- de favoriser le croisement des données : fréquentation, infrastructure, sécurité, sentiment de confort, retombées économiques ;
- de renforcer les moyens et la reconnaissance des structures associatives qui, au quotidien, produisent, interprètent et transmettent ces informations aux décideurs.
Car bien compter, ce n’est pas seulement additionner des cyclistes. C’est aussi rendre visibles des réalités diverses, mesurer ce qui freine ou encourage la pratique, et donner aux collectivités les moyens d’agir sur des bases objectivées.
L’atelier s’est conclu par des encouragements à répondre au Baromètre vélo de la FUB, dont l’édition 2025 a été lancée lors du Congrès. Clôturée le 2 juin, cette grande enquête nationale s’est achevée sur un record de participation avec près de 330 000 réponses et 2 700 communes qualifiées. Rendez-vous le 18 septembre 2025 pour le classement des communes lauréates et la publication des données !
Source : FUB, juillet 2025.
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