Chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou

Le domaine d’emploi de la chaussée à voie central banalisée (CVCB), à l’origine le milieu interurbain (hors agglomération), a été étendu aux agglomération depuis le décret PAMA du 2 juillet 2015.

Qu’est-ce qu’une chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou ?

La définition du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) :

  • La chaussée à voie centrale banalisée (CVCB) est une chaussée sans marquage axial dont les lignes de rive sont rapprochées de son axe.
  • Les véhicules motorisés circulent sur une voie centrale bidirectionnelle et les cyclistes sur les accotements revêtus appelés rives.
  • La largeur de la voie ouverte aux véhicules motorisés est insuffisante pour permettre le croisement Ces derniers empruntent donc ponctuellement la rive lorsqu’ils se croisent, en vérifiant auparavant l’absence de cyclistes et, à défaut en ralentissant.
Illustration CEREMA : principes de fonctionnement d’une CVCB

Définition de la rive ou accotement revêtu selon le CEREMA

Aussi appelée ʺbande multifonctionnelleʺ, la rive désigne une surlargeur revêtue, adjacente à la chaussée et dégagée de tout obstacle. Cette partie revêtue est généralement bordée d’une berme enherbée en milieu interurbain et d’un trottoir en milieu urbain. Elle permet :

  • la récupération des véhicules déviant de leur trajectoire
  • l’arrêt provisoire d’un véhicule
  • la circulation plus confortable et sécurisée des piétons et des cycles

Domaine d’emploi de la CVCB selon le CEREMA

Ce type d’aménagement n’est à envisager que si l’ensemble des solutions possibles pour prendre en compte les cyclistes a été examiné

  • rétablissement d’une continuité entre deux voiries pourvus d’aménagements cyclables, sur une portion courte très contrainte, par exemple lors d’un passage sur ouvrage d’art
  • fortes contraintes foncières et topographiques

A quoi sert une chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou ? (selon le CEREMA)

Cet outil peut être utilisé dans les cas où les contraintes géométriques et circulatoires rendraient impossible le recours aux aménagements cyclables traditionnels (bandes, pistes, etc.). La CVCB permet notamment de proposer une continuité cyclable entre deux aménagements cyclables plus traditionnels pour franchir des points durs.
L’article R.431-9 du code de la route à été modifié [Décret n°2015-808, juillet 2015] pour rendre légale la mise en place de cet aménagement en agglomération : « les conducteurs de cycles peuvent circuler sur les accotements équipés d’un revêtement routier ».
Hors agglomération, cette possibilité était offerte depuis 2003 par le code de la route [Décret n° 2003-283, mars 2003].
L’article 118-1C de la partie 7 de l’IISR [Instruction interministérielle sur la signalisation routière] ouvre la possibilité d’utiliser les doubles chevrons en rives de chaussée : le marquage des seules lignes de rive sur une chaussée (sans marquage axial) n’est pas interdit, à condition de respecter les fonctions de délimitation de voie et de guidage que le Code de la route assigne aux lignes discontinues.

CEREMA – exemple de CVBC en milieu urbain à Saint-Omer (62)

Origine de ce type d’aménagement

Il s’agit d’un concept de répartition de l’espace de la chaussée, utilisé avec succès notamment en Suisse (depuis 1997) et appelé « Kernfahrbahn » (chaussée à voie centrale banalisée).

En Autriche, les deux bandes latérales s’appellent « Mehrzweckstreifen » (bandes à utilisation multiple ou bandes multifonctionnelles), en Allemagne on les nomme « Angebotsstreifen », dans les Pays-Bas « fietssuggestiestrook » (bandes vélo suggérées).

Photo : Vélo41

Le principe de la « voie centrale banalisée » / chaucidou selon l’association VeloBuc :

  • garder la même largeur de chaussée
  • changer le marquage (passer de la « route » à la « rue »)
  • par conséquent, changer la répartition de l’espace
  • donc induire un changement de comportement
  • et, par ricochet, un changement de mentalité (ou vice versa)

Les effets attendus selon l’association VeloBuc :

  • ralentissement de la vitesse des voitures, sans autre aménagement
  • rétrécissement visuel de la chaussée du point de vue de l’automobiliste
  • possibilité d’utiliser la largeur nécessaire pour croiser
  • donc fluidité du trafic automobile, mais à vitesse apaisée
  • confort pour les cyclistes, donc incitation à faire du vélo
  • zone tampon supplémentaire de protection pour le piéton sur le trottoir

Qui a forgé le terme « chaucidou » ?

Le terme chaucidou est une contraction de l’expression la chaussée pour les circulations douces en la chau – ci – dou. Il a été forgé en 2004 par Werner Ried, membre fondateur de VeloBuc. Le terme s’est répandu en France, tout comme l’aménagement lui-même.

© CEREMA

Les 5 avantages de la CVCB selon VeloBuc

  1. faisabilité immédiate
  2. coût modeste
  3. effets concrets, positifs et mesurables
  4. aucune modification de la largeur réelle de la chaussée
  5. la chaussée reste évolutive

Les premiers bilans d’usage selon le CEREMA

  • lorsqu’ils sont seuls, les automobilistes se positionnent en majorité sur la voie banalisée ou mordent légèrement sur la rive
  • l’effet modérateur de la vitesse des véhicules est surtout visible en présence de cyclistes
  • les usagers utilisent très vite l’aménagement de façon intuitive mais ne voient pas nécessairement de différence entre la rive et une bande cyclable
  • en secteur contraint, les cyclistes se sentent plus en sécurité et mieux respectés que sans aménagement (exemple de la Roche de Glun). Ils sont moins tentés d’emprunter abusivement les trottoirs en agglomération
  • la CVCB est plus pertinente quand il y a une différence de coloris entre la voie et la rive et l’automobiliste perçoit mieux la largeur qui lui est dédiée
  • les automobilistes ont tendance à mordre la rive en courbe
  • en agglomération, le stationnement de véhicules à cheval sur la rive et le trottoir peut générer des situations d’inconfort pour le cycliste

Pour en savoir plus

Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Chaussée à voie centrale banalisée. Éléments de recommandation, fiche n° 37, Mai 2017, 8 p.

L’adaptation de l’espace public aux cyclistes passe par la mobilisation d’une large palette d’outils mise à disposition des aménageurs : accotements revêtus, bandes et pistes cyclables, voies vertes, zones 30, zones de rencontre et aires piétonnes.
La chaussée à voie centrale banalisée (CVCB) est un outil permettant de prendre en compte les cyclistes dans les cas rares où les contraintes géométriques et circulatoires rendent impossible le recours aux aménagements cyclables traditionnels.
Cette fiche a pour objectif d’explorer le domaine d’emploi de la CVCB, en tirant parti des premiers aménagements réalisés en France et de l’expérience des pays voisins.

Jacques Peigné, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), La chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou. Usages et retours d’expériences. Diaporama présenté à Toulouse le 24 novembre 2016, 19 p.

Bertrand Deboudt, Direction territoriale Nord-Picardie, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Les chaussées à voie centrale banalisée (CVCB), Diaporama présenté le 10 février 2015 – Matinée voirie pour tous, 17 p.

Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Aménagements cyclables. Chaussée à Voie Centrale Banalisée en milieu interurbain. État des lieux des aménagements existants sur le réseau des Départements, Mars 2017, 23 p.

Le présent rapport a pour objectif de caractériser le niveau de connaissance de cet aménagement sur le réseau départemental français et de dresser un état des lieux des CVCB existantes hors agglomération. Le but du présent rapport est de faire un listing des aménagements recensés via l’enquête, afin d’en synthétiser les différentes caractéristiques.

Les retours mentionnés dans ce rapport restent cependant à nuancer du fait du nombre assez faible d’aménagements CVCB remontés lors de l’enquête, qui ne permettent pas statistiquement d’objectiver le gain en sécurité estimé par la plupart des gestionnaires qui l’ont testé. Il convient donc de rester prudent sur les conclusions à tirer de ces expérimentations

Ce rapport s’appuie sur une enquête réalisée auprès des Conseils Départementaux possédant au moins une chaussée de ce type en interurbain, soit six départements. Ce rapport constitue une première étape dans une démarche globale visant à enrichir nos connaissances sur cet aménagement en milieu interurbain.

Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Direction territoriale Ouest, Aménagements Cyclables. Observations de « chaussées à voie centrale banalisée » sur l’agglomération Nantaise, Mars 2014, 33 p.

L’objet de ce rapport est de rendre compte d’observations in-situ réalisées par la Direction territoriale Ouest du Cerema des comportements des usagers sur des sites expérimentaux de l’agglomération nantaise. Concrètement, il s’agissait de trouver les réponses aux questions suivantes :
• L’aménagement fonctionne-t-il suivant les objectifs attendus ?
• Comment l’aménagement est il utilisé par les automobilistes et cyclistes ?
• Quelles recommandations peut en tirer pour d’autres collectivités ?

Conseil départemental de Seine-Maritime et Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Direction Territoriale Normandie-Centre, Évaluation d’une Chaussée à Voie Centrale Banalisée. Site de Villequier en Seine-Maritime, Rapport d’étude, Département Infrastructures de Transport Multimodales. Groupe Sécurité Routière/ Groupe Exploitation de la route, Simulation dynamique, Métrologie, Janvier 2014, 45 p.

L’objectif de l’étude est de procéder à l’évaluation avant/après d’une CVCB, afin de :
– déterminer l’efficacité générale de cet aménagement, notamment sur les comportements (vitesse, positionnement sur chaussée, conflits d’usage), sur le trafic des différents types d’usagers, sur l’accidentalité, ainsi que l’acceptation générale de l’aménagement,
– mettre en avant les bonnes ou mauvaises conditions d’emploi de cet aménagement sur un cas précis à Villequier, dans le département de la Seine-Maritime.

CEREMA / CETE de LYON, Centre d’Études Techniques de LYON. Département Construction Aménagement Projet, Chaussée à Voie Centrale Banalisée. Evaluation à la Roche de Glun, rapport, août 2013, 79 p.

Résumé
Le concept d’aménagement d’une « Chaussée à Voie Centrale Banalisée » (CVCB) a été mis en œuvre dans certaines villes étrangères(depuis de nombreuses années) et françaises (plus récemment) afin de faciliter la circulation des cyclistes sur des voiries étroites. Afin de mieux appréhender le fonctionnement de ce type d’aménagement en France, le Certu [devenu CEREMA, NDLR] a confié au CETE de Lyon le suivi et l’évaluation d’un site à La Roche de Glun, aménagé par le Conseil Général de la Drôme [devenu Conseil Départemental]. L’étude comprend 3 phases de bilan : avant aménagement, 1 mois puis 1 an après la mise en service de l’aménagement. Un bilan des enseignements est produit en fin d’étude, bilan réalisé en concertation avec le Certu  et le Conseil Général.

© CEREMA

L’observatoire national des chaussées à voie centrale banalisée (ON#CVCB) : http://voiriepourtous.cerema.fr/on-cvcb-r216.html

Dossier complet de VeloBuc : http://velobuc.free.fr/kernfahrbahn.html

Fédération Française de Cyclotourisme (FFCT), Charte Cyclable. Le partage de l’espace, pp. 19 et 20.